Noël, fête familiale ?

J'entends partout cette idée que Noël serait une fête familiale. Pour moi, c'est un concept idiot. Pourquoi ? Imaginez...

La toute jeune Marie et le vieillard Joseph sont en route pour se faire recenser. Ils sont loin de leurs familles. De grandes familles en ce temps-là. Ils font un long voyage, éprouvant. Ils ne trouvent pas de place dans l'auberge du village où ils doivent faire escale.

Et Marie met au monde l'enfant Jésus.

Vous appelez cela une fête de famille ?

Si on se base sur la signification historique de Noël, telle qu'on nous l'a inculquée, Noël N'EST PAS une fête de famille. C'est l'histoire d'un petit couple qui fait son devoir, dont une jeune fille qui devait avoir une drôle de bonne santé pour enfanter en cours de route dans de telles conditions !

En revanche, je prétendrais ceci: Noël est la fête de l'intériorité, de la naissance de notre enfant intérieur. Naissance ? Pa exactement, mais... en quelque sorte oui.

Qu'avons-nous fait de la petite fille ou du petit garçon qui a reçu, dès avant sa naissance parfois, tant de blessures ? Souvent, cet enfant crie pendant toute notre vie. Il n'est pas entendu. Il ne s'est pas senti aimé, il s'est même parfois senti rejeté, blessé, humilié, perdu. Je dis bien: il s'est senti, pas il l'a été. Du moins il existe parfois une différence entre la réalité et le ressenti. Chaque parent fait ce qu'il peut. L'enfant, lui, perçoit les intentions, les pensées, et il ne cherche qu'une chose: l'énergie de l'amour, la seule qui lui permettra de s'épanouir.

Donc cet enfant qui crie a besoin qu'on le prenne dans ses bras. Il a besoin de reconnaissance. Chacune et chacun de nous a besoin de reconnaissance. Et qui, aujourd'hui, peut le lui en donner ? L'adulte que nous sommes.

Qui a l'amour de Marie pour donner à son enfant un tel amour ? Qui a l'amour de Joseph pour protéger cet enfant qui n'est même pas de lui ?

Personne ne sait ce qu'il s'est réellement passé ce jour-là. D'ailleurs, nous avons mis Noël le jour où la lumière l'emporte sur les ténèbres. Qui sait précisément la date de naissance de Jésus ? Mais au fond, cela a-t-il de l'importance ?

Je ne crois pas, car ce Jésus est NOTRE enfant, celui aui a tant à nous dire, à nous apprendre, celui qui parle le langage de l'AMOUR, une fois guéri de ses blessures, de ses souffrances. Alors oui, Noël peut être la fête de la spontanéité, de la joie, de l'amour, de la guérison.

Combien d'entre nous souhaitent déjà que ces fêtes soient passées ? Combien soupirent en achetant à tout-va des cadeaux qui, l'un dans l'autre, les laissent sur la paille ?

Alors qu'ils ne reconnaissent pas leur propre enfant intérieur.

Alors qu'ils sont incapables de spontanéité puisque cet enfant ne peut pas s'exprimer.

Je vous propose un petit acte simple: le soir du réveillon, parlez à votre enfant intérieur. Et surtout écoutez-le. Si vous ne l'avez jamais fait, commencez par le chercher au fond de vous. Visualisez dans quelle pièce de votre maison il se trouve. Cherchez bien, même sous l'escalier, dans l'obscurité d'un recoin où vous n'allez jamais. Car vous avez peur d'y aller au point que vous avez même oublié que ce recoin existait. Peut-être que, de le voir dans cet état, vous aurez envie de pleurer. Mais ce sera alors libératoire.

Rassurez cet enfant, dites-lui que c'est enfin sa fête, qu'il n'a pas à avoir peur, que vous pourrez cheminer ensemble désormais. Alors seulement vous aurez envie de respirer profondément, de sourire, de rire. Vous serez prêt à vivre cette fête la joie dans le coeur, que vous soyez seul ou en compagnie.

Cela concerne chacune et chacun de nous, quelle que soit sa religion ou son athéisme.

Merveilleux Noël à toutes et à tous ! Que la joie soit dans vos coeurs !