L'Amour inconditionnel

"Quand on voit les réactions émotives de l'animal - envie, haine, fidélité, amour, joie, tristesse, dévouement pour son maître jusqu'à la négation de soi-même - on se dit que l'animal semble quelques fois humain. C'est une erreur: c'est [l'être humain] qui est encore animal.

... Seul [l'être humain] a en lui ce Don qui lui permet de se libérer de toutes ces réactions, d'atteindre à la liberté aristocratique, par le confondement avec le Tout, l'amour sans cause, sans but, sans récompense, donc sans déception."

RA. SCHWALLER DE LUBICZ, Propos sur ésotérisme et symbole.

Se libérer de nos réactions émotives, voilà ce qui fait grandir l'être humain. Non pas qu'il faille supprimer, condamner, écraser nos émotions. Au contraire, il nous faut apprendre à les exprimer puis à les laisser passer.

Si elles sont enfermées, réprimées, elles vont se cristalliser et donner des pathologies.

Il est possible de les exprimer sans faire de mal aux autres.

Je peux envier telle personne pour telle situation. Je ne vais pas pour autant la trucider pour lui prendre son bien ou sa place. J'accueille sans complexe l'émotion, je la nomme, je la remercie d'être là et de me montrer ce que j'ai à savoir, puis je la laisse aller. L'envie me permet de prendre conscience d'un manque. Est-ce bien cela que je veux ? Ou bien cela est-il la manifestation d'un autre manque, plus profond ?

Je ressens de la colère à l'égard d'une personne. Pourquoi ? A quoi cela me ramène-t-il ? Quelle image je reçois ? Quel message ? 

Expliquez-vous simplement, exprimez vos choix, vos désirs, votre refus que cela se passe ainsi, et surtout proposez d'autres alternatives. Se mette en colère sans rien proposer d'autres est vain.

Si la situation perdure, vous pouvez toujours la modifier, si vous en acceptez les conséquences. Vous acceptez les conséquences de la situation actuelle, laquelle ne vous convient pas pourtant, et vous en voulez à l'autre de ne pas être comme vous aimeriez qu'il soit. Alors acceptez les conséquences de vos choix. Vous ne changerez pas l'autre, ni le monde.

Sans faire mal aux autres ?

Nous sommes tous interconnectés. Alors toutes nos actions ont un impact sur les autres, c'est sûr. Mais il s'agit-là de prendre ses responsabiliés, de vivre en fonction de ses convictions, sans les imposer aux autres.

Se mettre en colère contre quelqu'un ou l'envier ne sert à rien mais la colère ou l'envie est là, je l'accepte. Lorsque j'ai compris pourquoi, je décide de guérir en moi ce qui ne va pas. Ainsi mon regard sur la situation sera plus net car plus distant. Est-ce que je peux accepter cela, ou bien est-ce que je la quitte ? Il ne s'agit pas là de fuir, mais de prendre ses responsabilités, de se respecter, de s'aimer.

Alors oui, si je pars, je peux faire mal. Mais je le ferais parce que l'autre ne respecte pas ma liberté, pas parce que je lui en veux ou que je l'envie. L'autre n'aura mal que parce qu'il le veut bien, et ce sera à lui de gérer ses propres émotions. Laissez-le grandir, même si cela peut vous rendre triste ou vous culpabiliser. On ne rend pas service en restant dépendant de l'autre, ou en acceptant que l'autre soit dépendant de soi.

Un couple ne peut bien fonctionner que lorsque deux I I marchent ensemble. S'ils forment un A sans la barre du milieu et que l'un d'eux s'en va, l'autre tombe immanquablement. Dommage, non ?